
2025
S’il y a bien une chose qui soit précieuse pour moi, c’est la connexion intime et profonde avec les gens.
La rencontre avec l’autre, lorsqu’elle est vécue avec ouverture, accueil et authenticité, créé un espace de confiance qui permet de se relier de cœur à cœur. Alors, petit à petit, la frontière entre l’autre et soi s’amenuise pour finalement presque disparaître.
Pour ce projet photographique, je me suis mise en quête de gens qui ont du cœur, qui expriment leur vérité, leur sensibilité ou leur sagesse. Des personnages qui transmettent, à leur échelle, des graines d’amour, de beauté ou de philosophie.
Pour chacun d’eux, j’ai sélectionné 4 à 5 photos et écrit un texte qui, en 2'200 caractères, décrit ce que j’ai perçu de ces personnages à travers une rencontre d’une heure ou deux. Ces textes ne se veulent pas biographiques (il y aurait trop à dire en si peu de caractères) mais tentent de mettre en lumière l’essence même de chacun.
Ce projet, débuté en 2023, donnera naissance à un livre qui sera publié en fin d’année 2025 et qui regroupera une vingtaine de portraits-textes de jurassiens et jurassiennes inspirants-es.
Exemple de portrait
Hélène Vonlanthen – La Femme Arc-en-ciel – 25.07.2024
Hélène, c’est un sacré petit bout de femme au regard vif et tendre, aux lèvres toujours décorées de rouge et aux tenues coquettes. A chaque jour son foulard, joliment noué en bandeau sur sa chevelure argentée. Tant de couleurs et nuances se déploient dans son incroyable personnalité, à l’instar de cet arc-en-ciel apparu lors de son dernier vernissage quand la pluie s’abattait sur la foule devant la galerie. Mais le soleil a percé les nuages, la pluie s’est déplacée et nous avons profité d’un spectacle éblouissant. Tout le monde s’est accordé : c’est Hélène tout craché ! Elle pétille, vibre et rayonne sa bonne humeur partout autour d’elle.
Artiste peintre et muse, elle a fréquenté les Beaux-Arts et inspiré poètes et musiciens. Elle a voyagé, vécu en Angleterre, appris les subtilités de la cuisine indienne avant de s’installer à Courroux, à 39 ans, avec son futur mari. Une vie de rêve jusque-là.
Et pourtant, Hélène a traversé son lot d’épreuves. Avec son mari, elle a 3 enfants dont l’aînée déclare, à 18 ans, une maladie auto-immune qui la rend tétraplégique. Puis, à l’aube de la retraite, son mari décède d’un cancer.
Quant à Hélène, c’est Parkinson... Quand je lui demande comment on réagit à un tel diagnostique, elle me répond : « La maladie m’a plutôt donné des ailes, l’envie de poursuivre ma vie dans la joie et permis de rejoindre un groupe de soutien composé de gens extraordinaires ». Chez Hélène, la maladie est discrète ; elle ne tremble pas. Mais parfois, les jambes d’Hélène la figent sur place quelques secondes. Mais Hélène repart, sourire aux lèvres comme toujours. Hélène est un oiseau que rien ni personne ne peut mettre en cage, pas même la maladie. Son appétit à jouir de la vie, à rire, à créer et à partager est insatiable.
Alors que je la photographie, elle me dessine à la craie. Drôle de jeu ! L’arroseur arrosé, dit-elle amusée. Chacune se concentre sur son art avec cette étonnante impression d’effet miroir. Puis on s’installe sur la terrasse pour siroter une coupe de Prosecco, discutant de tout et de rien.
Je repars remplie de toute cette bonne énergie. Hélène est contagieuse, c’est certain, car je sens déjà sur moi les effets de son rayonnement ! Un vrai bonheur !


